Dominicales du 19 février 2023
Un des personnages du roman Une panthère dans la cave, de l’écrivain israëlien Amoz Oz nous offre un point de vue au vitriol sur l’amour des ennemis :
« Aimer son ennemi, c’est pire que transmettre des informations. Pire que trahir ses frères. Pire que dénoncer. Pire que lui vendre des armes. Pire encore que devenir transfuge. Aimer l’ennemi est la pire des trahisons. »
Pourtant, dans le sermon sur la montagne, Jésus parle d’aimer ses ennemis. Comment peut-il donner un tel commandement? Cette exigence n’est-elle pas une folie?
Oui. Cette exigence est folie mais c’est une folie qui est tout amour. La folie de Dieu, celle du serment sur la montagne, c’est la folie de l’amour. La folie d’un amour gratuit, qui donne tout sans rien demander en échange. La folie d’un amour qui va jusqu’à offrir sa vie pour les pécheurs, les ennemis de la foi, les mécréants, tous ceux qui ne sont ni saints, ni parfaits.
Le Seigneur nous demande de le suivre en vivant cette folie d’amour pour devenir comme lui, pour être saint. La sainteté que nous demande Jésus n’est pas d’appartenir à un club select de gens biens et parfaits, c’est d’être membre à part entière d’une humanité pas toujours très sainte, ni très parfaite. On a trop souvent vu la sainteté comme un état qui séparait de l’humanité, alors que c’est le contraire qui est vrai : la sainteté, nous dit Jésus, c’est d’aller vers son ennemi et d’en faire son frère, c’est pardonner à celui qui ne vous pardonne pas, dire bonjour à celui ou celle qui ne vous salue pas, sourire à celui qui vous insulte, dire une parole gentille à celui qui vous agresse.
Cette sainteté est folie si nous pensons y arriver par nos propres forces. Cette sainteté est sagesse de Dieu même, si nous acceptons de la recevoir dans l’Esprit de Dieu même. Être saint comme Dieu lui-même, ce n’est pas se faire Dieu, c’est recevoir en soi la sainteté de Dieu dans l’amour que nous sommes capables d’avoir les uns pour les autres.
Vivre l’amour, le pardon, l’entraide et la charité dans la vie conjugale, familiale et communautaire, c’est le témoignage d’une sainteté en acte, le seul qui compte.
+ Père Paul DANG