Dominicales du 15 décembre 2024
Quand est-ce que vous venez pour nous ?
Des surveillants pénitentiaires posent régulièrement la question aux aumôniers de prison.
Elle traduit de leur part une perception positive de la présence, en détention, de l’aumônerie catholique. Les aumôniers sont en effet « aux côtés » des personnes détenues. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils soient « de leur côté ». Etant donné que les surveillants sont des agents du service public sur le lieu de leur travail, le principe de laïcité ne nous permet pas de venir « pour » eux.
Des lieux de rencontre « avec » eux existent pourtant (formations dispensées par l’administration pénitentiaire, échanges informels, présence lors de mouvement sociaux …). Il est important d’être attentifs à eux car leurs conditions de travail sont difficiles (confrontation quotidienne à la violence, surpopulation carcérale, horaires de travail …). Et pour cette raison, ils sont exposés plus que d’autres au risque suicidaire.
Ils ne font pas que « sur veiller ». Ils « veillent sur » les personnes détenues, les protégeant d’elles-mêmes et de la violence d’autrui.
« C’est un homme de bien » me disait une personne détenue parlant de l’un d’eux.
Autorisé à se rendre sous escorte aux obsèques de sa mère, un autre détenu craignait de pleurer et de donner l’image de quelqu’un de faible. A quoi un surveillant lui répondit : « Si vous pleurez, je pleurerai avec vous ».
Et comment oublier ce surveillant gradé, venu au secours d’un autre aux prises avec un détenu qui, s’estimant victime d’une injustice, refusait un soir de réintégrer sa cellule : « Il est tard. La relève va bientôt avoir lieu. Je vous demande de réintégrer votre cellule. Je vous recevrai demain à la première heure ».
Puis, se tournant à part vers le surveillant : « Oui, il est pénible. Mais il n’est pas méchant ! »
Heureux ceux qui pleurent … Heureux les doux … Heureux les artisans de paix. L’évangile vécu au quotidien sans tambour ni trompette.
Père Olivier Dupont